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l'actutopiste
10 décembre 2006

Ségrégation journalistique

4 Un certain mercredi 29 novembre 2006, la chambre des commerces de Paris organise un important séminaire, auquel participent une centaine d'entreprises françaises.

     Le thème autour duquel les entrepreneurs ont été invité à réfléchir s'intitule : « Le Soudan, un marché à découvrir». Evidemment, le rôle des patrons d'entreprises est de repérer les nouveaux marchés. A la façon d'un chasseur de tête, ils doivent flairer, identifier, traquer le "bon plan" qui rapportera gros.

Comme pour la plupart des événements "notables", un important staff de journalistes est déployé.

Délit de "sale presse" : la satire discriminée

     Les journalistes de Charlie Hebdo se rendent sur place, après avoir averti les organisateurs de leur venue.  A l'entrée : fourgonnette immatriculée Police Nationale et puis les vigiles. C'est devant ces derniers, dans le salon de réception de la Chambre, que les journalistes déclinent leur identité. Et la tout s'enchaîne… Selon le compte rendu de Emmanuelle Veil, de Charlie Hebdo [ndlr : n° 755 du 6 décembre 2006] les vigiles avaient "l'air gêné". Les gorilles se sont absentés pour revenir avec leur supérieur hiérarchique. Celle-ci, sans plus de préambules, a déclaré aux représentants de l'hebdomadaire satirique, qu'ils n'étaient pas autorisés à entrer. Prétextant que Charlie Hebdo ne traite pas exclusivement d'économie… tout comme RFI (Radio France internationale), qui a été admis dans l'enceinte de la forteresse.

La censure n'est donc pas si loin. Pas celle des politiques mais celle des grands lobbies financiers. C'est-à-dire les grandes firmes comme Total  qui a parrainé la manifestation, ou comme Alsthom, Thalès ou Natexis, de simples convives !

Caution silencieuse pour la guerre au Darfour ?

    Si le journal a été contraint à un silence partiel, les entrepreneurs, eux, se taisent en toute connaissance de cause. Bien que le conflit entre le Darfour ( Sud - Soudan )  et le gouvernement de Khartoum, ne connaisse pas la même "popularité" que la guerre en Irak ou que l'arme nucléaire en Corée du Nord, il sévit depuis trois ans. Deux millions de déplacés, 200 000 morts. La population, laissée pour compte, subit les représailles e l'Etat soudanais contre les rebelles de la région. De plus Khartoum, gouvernement islamiste, soutient militairement des groupes de mercenaires dans leurs nouvelles croisades sanglantes.

    La plaquette promotionnelle que présente les chefs soudanais aux patrons français est alléchante : climat contrasté, montagne et réserves d'eaux.  La face "cachée" de ce petit paradis entreprenarial, c'est une agriculture intensive – et destructrice - et la suppression des forêts. Malgré tout, le potentiel économique de la région prend le pas sur le marasme humain.

Mais comme dit le proverbe, qui ne dit mot consent. 

T.R

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